SANTÉ ET SERVICES SOCIAUX : une gestion à discuter

3 février 2025

L’austérité, c’est le mot qui décrit le mieux les compressions actuelles en santé et services sociaux (SSS) imposées par le gouvernement de la CAQ, comme l’avaient fait les libéraux de Philippe Couillard en 2018. Malgré des augmentations importantes des budgets alloués aux médecins, au personnel et aux gestionnaires, ainsi qu’un budget global passé de 30 à 60 milliards en 10 ans, l’accès aux services demeure difficile. Rien ne s’améliore, rien ne fonctionne. Pourquoi alors avoir créé Santé Québec avec ses nombreux gestionnaires ?

Lorsque le ministre Dubé a annoncé la réforme santé et la création de Santé Québec, il promettait un système plus humain et efficace, en réduisant les doublons. Jusqu’ici, les résultats montrent un système loin d’être humain, inefficace, et saturé de doublons.

Plus humain ?

La première mission confiée à Santé Québec par le MSSS est de trouver 1,5 milliard $ avant le 31 mars 2025. Cette tâche colossale, assignée en quatre mois (pour réparer des dommages causés sur quelques décennies), ne peut être réalisée sans affecter les services à la population. Imaginer le contraire relève soit de l’ignorance, soit du déni.

Les coupures du chèque emploi-service, qui auraient isolé davantage des personnes vulnérables, ne sont pas humaines. Ne pas remplacer une intervenante, laissant en plan une trentaine de personnes en situation de handicap, est également inhumain, désorganisant les efforts des organismes communautaires. Ces exemples, parmi d’autres, démontrent que rien dans cette réforme ne priorise l’humain.

Plus efficace ?

Le réseau de la santé, souvent comparé à un mammouth, souffre déjà d’une lourdeur excessive. Ajouter une nouvelle structure comme Santé Québec ne pouvait qu’aggraver la situation.

On aurait pu espérer une cure d’amaigrissement au MSSS, qui ne conserve désormais que les grandes orientations, le budget et les politiques. Mais la déception est grande : autant de ministres, sous-ministres et sous-ministres adjoints qu’avant, des directions toujours aussi nombreuses et gigantesques. Santé Québec, de son côté, s’est dotée d’un conseil d’administration de 13 membres, d’une cheffe de direction avec son cabinet, et de sept vice-présidences. Au moment d’écrire ces lignes, les directions de la société d’État ne sont pas affichées publiquement.

Si ni l’humain, ni l’efficacité, ni la gestion actualisée ne sont au rendez-vous, pourquoi Santé Québec ?

Un pare-feu et l’imputabilité

Avec Santé Québec, responsable de l’opérationnel, le MSSS ne peut plus être blâmé pour les décisions prises. Nous en avons eu une démonstration lors des premières coupures du chèque emploi-service, lorsque la ministre Bélanger s’est dissociée de cette décision, se présentant comme une défenseuse de la cause humaine et recadrant Santé Québec. Ainsi, les ministres passent de goujats à héros, échappant à l’imputabilité.

Les oppositions, quant à elles, ont perdu leur principal interlocuteur sur les opérations de santé. Les ministres fourniront désormais des réponses évasives, tandis que les discussions avec Geneviève Biron, cheffe de Santé Québec, devront se faire au Parlement.

Le mur entre la population et le MSSS, déjà épais, s’est cimenté avec Santé Québec. À part éloigner davantage le ministère des préoccupations citoyennes, cette société d’État n’a aucune utilité.

Et après ?

Sans changements fondamentaux, la gestion de la santé restera médiocre. Dans dix ans, les choix seront limités : un budget dépassant 80 milliards, une privatisation du système, ou des années d’austérité accrue. Choisissez votre scénario. Peut-être serait-il temps d’examiner la gestion de notre argent et de faire la lumière sur le puits sans fond qu’est le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Gilles Fontaine

Directeur général

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