Le legs de François Legault : un oubli criant du communautaire, de la déficience intellectuelle et de l’autisme

8 juillet 2025

« Quand je regarde l’économie du Québec, je suis content de mon legs. » C’est ainsi que s’est exprimé récemment le premier ministre François Legault, se disant fier de ce qu’il laisse au Québec… et de ce qu’il entend poursuivre, possiblement lors d’un troisième mandat.

Mais pour les personnes autistes ou vivant avec une déficience intellectuelle, et pour les organismes qui les accompagnent au quotidien, ce soi-disant héritage est difficilement perceptible. Car ce que laisse ce gouvernement, ce sont surtout des services publics affaiblis, des organismes communautaires à bout de souffle, et des familles qui attendent encore que l’inclusion devienne autre chose qu’un discours.

Des besoins grandissants, des réponses insuffisantes

Le réseau communautaire dédié à l’autisme et à la déficience intellectuelle, parmi tant d’autres, est aujourd’hui l’un des rares remparts face à l’isolement et à l’exclusion. Il organise des activités de socialisation, accompagne les familles, développe des milieux de vie inclusifs, soutient l’accès à l’emploi ou à des loisirs adaptés. Ces initiatives sont portées par des équipes engagées, mais épuisées, faute de financement adéquat.

Pendant ce temps, les listes d’attente pour accéder à un milieu de vie substitut peuvent dépasser trois ans. Certains parents âgés continuent de s’occuper de leur enfant adulte sans aucun soutien. Des adultes avec une déficience intellectuelle se retrouvent dans des résidences inadaptées, ou sans solution du tout.

On promet des plans d’action, mais les moyens ne suivent pas. On parle de bientraitance, mais sur le terrain, c’est trop souvent la débrouille. L’enveloppe dédiée à la DI-TSA n’a pas été bonifiée de manière significative depuis plusieurs années, malgré l’augmentation des besoins, des diagnostics et des pressions sur les milieux.

Une société inclusive en paroles, mais pas en actes

L’inclusion sociale ne peut se limiter à des slogans. Elle exige des investissements structurants dans le transport adapté, l’accompagnement scolaire, l’accès au travail, l’habitation inclusive, le soutien aux familles et la reconnaissance du rôle des organismes communautaires.

Le modèle québécois repose sur le principe de solidarité. Or, lorsque le gouvernement mise davantage sur des baisses d’impôt ou des subventions aux grandes entreprises que sur le renforcement du filet social, ce principe est affaibli.

Les projets d’envergure comme Northvolt reçoivent des milliards. Pendant ce temps, des organismes communautaires doivent se battre pour obtenir quelques milliers de dollars de plus pour maintenir des services de base. Certaines organisations ferment des volets d’activités, d’autres refusent des usagers et des usagères, faute de personnel ou de ressources.

L’urgence de faire autrement

Un véritable legs ne peut ignorer les personnes les plus vulnérables. Il ne peut pas faire abstraction des familles qui vivent de l’épuisement chronique, des personnes qui n’ont pas accès à un service pourtant essentiel, ou des jeunes qui sortent du système scolaire sans accompagnement pour leur vie adulte.

Il est temps de reconnaître que les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou l’autisme ne sont pas des citoyens et des citoyennes de seconde zone. Elles ont droit, comme toutes les autres, à une vie pleine, digne et active dans la société.

Pour cela, il faut cesser de considérer le soutien communautaire comme un supplément optionnel. Il faut en faire un pilier central de l’action gouvernementale. Il faut financer les organismes, soutenir les innovations locales, écouter les personnes concernées et leurs familles, et agir avec cohérence.

Un Québec qui inclut vraiment

Si le premier ministre souhaite réellement laisser un héritage digne de ce nom, il doit regarder au-delà des chiffres économiques et des projets vitrines. Il doit s’assurer que personne ne soit laissé pour compte, surtout pas celles et ceux qui, depuis trop longtemps, attendent qu’on les voie, qu’on les entende, et surtout, qu’on les soutienne.

Le Québec mérite mieux. Les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle, l’autisme, et celles qui les soutiennent aussi.

Lire l’Article de Radio-Canada « Je suis content de mon legs jusqu’à présent », dit François Legault » : https://tr.ee/qfRkZTWMDf

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