Le monde entier a été plongé au cœur d’une crise sanitaire sans précédent avec la propagation de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Le 13 mars 2020, le Québec a décrété l’état d’urgence sanitaire et des mesures ont été mises en place afin de limiter au maximum la propagation du virus entrainant du même élan, une crise économique et sociale au Québec, comme ailleurs dans le monde. Les inégalités ne sont pas apparues durant la pandémie mais cette dernière a accentué les inégalités existantes tout en créant de nouvelles fractures et formes d’exclusion.
Dans ce contexte, les organismes communautaires ont joué un rôle essentiel, et ce dès le début de la crise, pour répondre aux besoins des populations, briser l’isolement, sensibiliser et expliquer les consignes de santé publique tout en s’assurant que les mesures mises en place ne laissent personne derrière. Ancrés dans des communautés et territoires divers, les groupes se sont souvent retrouvé les mieux placés pour répondre aux besoins des populations et pallier l’absence ou à l’insuffisance des réponses gouvernementales. Au-delà de la réponse aux besoins immédiats, les dernières années ont également confirmé le rôle unique joué par le milieu de l’action communautaire autonome (ACA) pour assurer une veille sur les droits collectifs et sociaux dans un contexte de crise.
Certaines populations ont été davantage touchées par la crise que ce soit sur le plan sanitaire (on pense notamment aux personnes aînées) ou en raison de leur surreprésentation dans le groupe de personnes qui travaillent dans les services considérés comme essentiels (notamment les femmes racisées, les personnes immigrantes et celles à statut précaire). Les organismes communautaires rejoignant ces populations ont joué un rôle important pour soutenir ces personnes, rendre visibles leurs réalités auprès des médias et faire valoir leurs droits auprès des pouvoirs publics.
Néanmoins, les organismes ont fait face à de nombreux défis pour pouvoir poursuivre leurs actions et adapter leurs interventions. Ils ont dû rapidement réorganiser, diminuer, arrêter ou au contraire augmenter leurs activités et ce, dans un contexte de diminution des ressources financières et d’épuisement des équipes de travail. Tout en adaptant leurs services et activités, ils ont dû répondre à des besoins croissants ou changeants de la part des populations rejointes. Au-delà du maintien des activités, des défis se sont posés pour maintenir leur vie associative et démocratique et poursuivre leur mission de transformation sociale.
Les impacts de la pandémie sur les organismes communautaires varient d’un secteur et d’un territoire à l’autre et selon les communautés rejointes. Si les organismes ont fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et de résilience face à cette crise, cette dernière a également engendré des besoins accrus et des impacts à moyen et long terme sur un milieu déjà fragilisé par des années de politiques d’austérité.
Alors que très peu de recherches sont produites par et pour les organismes communautaires, il nous semble essentiel de se doter de données et d’analyses solides afin de soutenir le milieu de l’ACA au travers de cette crise, de renforcer sa capacité de répondre aux besoins des personnes marginalisées et d’assurer sa participation aux choix politiques qui seront faits dans le cadre de la relance.