La Société québécoise de la déficience intellectuelle, l’AQRIPH, l’AQRP – Association québécoise pour la réadaptation psychosociale, la COPHAN et la Fédération québécoise de l’autisme, ont analysé la Stratégie nationale 2025-2028 pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées.
Si la Stratégie contient des avancées positives, elle reste trop partielle et ne répond pas pleinement aux besoins exprimés par le terrain et les organismes communautaires.
1. Points forts de la Stratégie
- Reconnaissance des compétences : la Stratégie met de l’avant la valeur et l’apport des personnes handicapées au marché du travail.
- Mesures de transition école-travail : la TEVA (transition école-vie active) est généralisée, ce qui va dans le sens des revendications de longue date.
- Approches individualisées : plusieurs mesures visent des parcours adaptés aux réalités et aux besoins des personnes.
- Sensibilisation des employeurs : la Stratégie prévoit des actions pour mieux informer les gestionnaires et collègues sur l’importance de l’inclusion.
- Transport et accompagnement : la question du transport adapté est reconnue et des mesures d’expérimentation sont annoncées.
- Suivi et indicateurs : la mise en place d’outils de suivi est une avancée pour évaluer les impacts réels.
2. Points faibles et limites
- Financement insuffisant : les budgets annoncés sont en forte baisse par rapport à la stratégie précédente, ce qui compromet la portée des mesures.
- Responsabilités floues : on ignore souvent quel ministère sera responsable de la mise en œuvre, ce qui risque de créer des silos et de ralentir l’application.
- Manque de clarté : certaines mesures restent trop générales (ex. « approches novatrices », « inclusion ») ou trop ciblées (ex. grandes entreprises, tourisme), sans perspective globale.
- Absence de leviers essentiels : aucune avancée sur les entreprises adaptées (EA), le Contrat d’intégration au travail (CIT), l’accès à la formation postsecondaire, la reconnaissance des acquis hors Québec ou la révision des règles d’aide sociale.
- Soutien limité aux organismes communautaires : malgré leur rôle clé, la Stratégie ne prévoit pas de financement spécifique pour ces organismes.
- Transport adapté : les mesures proposées se limitent à des expérimentations alors que la crise actuelle exige un réinvestissement majeur et immédiat.
3. Les grandes orientations de la Stratégie
- Orientation I : Valoriser l’apport et encourager des pratiques innovantes
- Objectif : mettre en lumière les compétences des personnes handicapées, développer la recherche et promouvoir des pratiques inclusives.
- Limite : peu de moyens concrets pour transformer les pratiques des employeurs, surtout dans les petites entreprises.
- Orientation II : Améliorer l’accès au marché du travail
- Objectif : renforcer l’accompagnement des personnes, développer des trajectoires individualisées et soutenir la formation.
- Limite : manque de financement pour déployer réellement ces parcours partout au Québec. La TEVA n’est pas rendue obligatoire.
- Orientation III : Bonifier l’accompagnement des milieux de travail
- Objectif : sensibiliser les employeurs, soutenir les pratiques inclusives, améliorer le transport et renforcer le suivi.
- Limite : plusieurs mesures demeurent floues, et les enjeux systémiques (transport adapté, maintien à long terme en emploi) sont sous-estimés.
Conclusion
La Stratégie 2025-2028 constitue un pas en avant, en reprenant certains principes réclamés par le milieu. Toutefois, elle reste incomplète et insuffisamment financée pour transformer en profondeur les modèles actuels d’employabilité. Pour répondre aux besoins réels, il faudra :
- un financement accru et durable,
- une meilleure reconnaissance du rôle des organismes communautaires,
- et des mesures structurantes touchant les entreprises adaptées, le CIT, la formation postsecondaire et la révision des règles sociales.
En l’état, la Stratégie propose des intentions positives, mais elle manque encore d’ambition pour lever les obstacles systémiques à l’emploi des personnes handicapées.
Sources : Regroupements nationaux – Société québécoise de la déficience intellectuelle, AQRIPH, AQRP – Association québécoise pour la réadaptation psychosociale, COPHAN et Fédération québécoise de l’autisme
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