La honte que ressentait le sociologue Guy Rocher face à l’état du système scolaire québécois résonne encore plus fort aujourd’hui. Malgré ses grands discours, la Coalition avenir Québec (CAQ) et François Legault n’ont jamais fait de l’éducation une priorité. On le voit : changer de ministre n’est qu’une opération cosmétique, une question d’image. Les problèmes de fond, eux, demeurent.
Au cœur de cette crise, ce sont les enfants atypiques, ceux qui présentent des besoins particuliers, qui en paient le prix le plus lourd. Leur nombre a triplé en dix ans, mais plutôt que de renforcer les services, on a coupé dans les ressources professionnelles et techniques. Résultat : des milliers d’élèves se retrouvent sans le soutien nécessaire pour apprendre, s’épanouir et développer leur plein potentiel.
La CAQ nie encore l’existence d’une école à trois vitesses, alors même que le Québec est pointé comme un modèle d’inégalités scolaires à éviter. Cette ségrégation éducative fragilise tout particulièrement les jeunes qui ne cadrent pas dans le moule standardisé que le gouvernement impose. Pendant ce temps, on sous-estime la pénurie d’enseignants et on tolère que des milliers de classes soient confiées à des personnes non qualifiées.
Plutôt que d’écouter les gens du terrain et d’ouvrir un vrai débat collectif sur l’avenir de l’école, la CAQ persiste dans une logique comptable et productiviste. Les taux de diplomation deviennent une obsession, quitte à sacrifier la qualité de l’enseignement. Mais derrière ces chiffres, la réalité est crue : trop d’élèves quittent le secondaire sans maîtriser les bases essentielles.
Ce gouvernement préfère envisager dix milliards pour un troisième lien autoroutier que d’investir massivement en éducation. Les priorités sont claires : l’école, et surtout les élèves atypiques, ne comptent pas. Or, laisser le système se déliter, c’est hypothéquer l’avenir d’une génération entière.
Il est urgent d’arrêter de gérer l’éducation comme une simple dépense et de lancer enfin de véritables États généraux. Nos enfants, tous nos enfants, méritent une école qui les accueille tels qu’ils sont et qui leur donne les moyens de réussir.
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