Alors que les patients attendent des heures, des jours, voire des mois pour des soins essentiels, pendant que des familles s’épuisent à obtenir des services de base, voilà que des millions de dollars en primes et bonis sont distribués aux administrateurs des CISSS et CIUSSS. En tout et selon Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, ce serait un milliard de dollars. Un MILLIARD de dollars qui, au lieu d’être investi dans les soins, les infirmières et les infirmiers, les services directs à la population, finit dans les poches de cadres bien confortablement installés dans un système à bout de souffle.
Comment justifier de tels versements alors que le réseau est au bord du gouffre ? Pourquoi récompenser une gestion qui laisse patients et personnels soignants en détresse ? Où est la logique, où est l’éthique, où est la justice dans cette répartition des fonds publics ?
Pendant que les hôpitaux croulent sous la pression, que des personnes vulnérables se voient refuser des services faute de ressources, on continue à engraisser l’administration. Ce n’est pas un « détail budgétaire », c’est un choix. Un choix politique, un choix immoral, un choix révoltant.
Le gouvernement exige un retour à l’équilibre budgétaire, mais qui paiera la facture ? Les patients. Toujours les patients. Pendant ce temps, des millions s’envolent en primes pour des gestionnaires qui n’ont manifestement pas réussi à améliorer la situation.
Assez ! Il est temps que le ministère de la Santé et des services sociaux rende des comptes. Il est temps que ces primes indécentes cessent. Il est temps de mettre l’argent là où il est réellement nécessaire : dans les soins, pour celles et ceux qui en ont cruellement besoin.
Santé Québec : une machine bureaucratique incontrôlable
Les organigrammes de la santé au Québec (schématisés ci-dessous) dévoilent une réforme d’une complexité aberrante. Avec la loi 15, tout le réseau de la santé est avalé par une seule méga-structure, fusionnant les CISSS, CIUSSS et hôpitaux sous l’autorité d’une présidente et cheffe de direction (au salaire indécent). Résultat : 325 000 membres du personnel, 1500 installations et zéro autonomie locale.
Le premier schéma montre l’ampleur du monstre : une seule société d’État absorbe tout, transformant les établissements en simples unités administratives.
Le second schéma enfonce le clou : chaque établissement est un véritable labyrinthe bureaucratique, écrasé sous une pyramide de directions et de niveaux hiérarchiques. Pire encore, cette structure est si tentaculaire qu’elle ne tient même pas dans un seul organigramme !
(Afin que le schéma soit lisible, il se limite à exposer les liens avec une seule installation.)
On nous vend cette centralisation comme une solution miracle, mais c’est un mirage. Les faits sont clairs : plus une administration est locale et démocratique, plus elle est efficace. Ici, c’est l’inverse : une gestion éloignée du terrain, une prise de décision concentrée au sommet, et des comités d’usagers réduits à des rôles symboliques.
Le gouvernement a, de plus, manqué l’occasion de réduire considérablement la structure du ministère de la Santé et des services sociaux qui n’a à peu près pas changé. Autant de ministres, autant de sous-ministres, presque autant de sous-ministres adjoints et des dizaines de directions.
Bref, cette réforme ne simplifie rien. Elle rend le réseau encore plus ingérable, plus opaque et plus coupé des réalités du personnel et des patientes et des patients. Une machine administrative monstrueuse où le terrain n’a plus son mot à dire.
Sources :